Assaf Shoshan

1973, né à Jérusalem
Nominé·e - Prix Elysée 2021

Photographe et vidéaste, Assaf Shoshan interroge un monde où les frontières apparaissent et disparaissent sans fin, un monde où le temps est ressenti différemment. Ses portraits et ses paysages révèlent une atmosphère énigmatique, nimbée de mystère et d’irréel. Entre réalité et fiction, l’oeuvre d’Assaf Shoshan est empreinte d’une portée poétique, contemplative mais également fortement politique. Elle s’ouvre sur une dimension humaine fondamentale : la quête d’identité, le sentiment de l’exil et de l’appartenance.

Projet

10 ans de solitude

À l’automne 2010, des milliers de « sans-papiers » manifestent dans la capitale avec l’espoir de voir leur situation régularisée. Cette mobilisation inédite prend le nom de « mouvement des travailleurs sans papiers ». Assaf Shoshan prend plus de 70 portraits de 18 hommes et femmes, tous désignés uniquement par leurs initiales. Du point de vue du processus comme du résultat, cette série évoque les « papiers d’identité » tant souhaités et leur photo officielle, censée « stabiliser » leur identité.

10 ans après sa rencontre avec les demandeurs d’asile Maliens et Sénégalais du squat du 18ème arrondissement, il décide de partir à leur recherche pour savoir ce qu’ils sont devenus. C’est l’objet du nouveau projet qu’il présente ici : 10 ans de solitude.

Dans cette recherche, il souhaite réaliser leurs portraits avec les mêmes contraintes, mais dix ans plus tard. Donner à voir une transformation, saisir la mobilité de la vie, du temps qui passe. Ce qui a changé pour eux, s’ils ont obtenu ou non leurs papiers. Ce sont les traces de cette lutte qu’il veut saisir. Comme Assaf Shoshan ne bénéficie que des initiales des demandeurs d’asile qu’il a photographié, sa quête s’avère longue et incertaine.

« Comment photographier des gens qui se cachent ? C’est cette impossibilité du portrait qui a donné lieu à cette recherche. Comment raconter un homme, une femme, sans jamais croiser son regard ? Le détail a alors toute sa place. »

Ce projet lui tient à cœur, il est long, délicat, périlleux. Assaf Shoshan tâtonne, questionne : sa place de photographe et sa place d’homme.

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