Isabelle Blanc & Olivier Hilaire

1971, Française et Suisse, née à Paris, France
1979, Français, né à Nîmes, France
Nominé·e - Prix Elysée 2017

Artiste franco-suisse pluridisciplinaire, Isabelle Blanc est née en 1971 à Paris. Elle a fait des études de cinéma à Lausanne (ECAL) et Montréal. Elle développe conjointement un travail photographique et cinématographique. Pendant sa carrière, elle a réalisé une dizaine de courts-métrages, dont Entre frère et sœur, Léopard d’or du court-métrage au Festival de Locarno (1996).

Dans son travail photographique, c’est le décloisonnement du médium qui l’intéresse, et elle en explore les limites narratives en empruntant des formes d’écriture aux arts plastiques, au cinéma et à la littérature. Elle exploite le potentiel fictionnel de territoires en puisant dans l’imaginaire collectif. Elle développe des dispositifs narratifs en travaillant sur les niveaux de réalités (souvenirs, obsessions, projections, rêves). Le récit elliptique propose des jeux de pistes, suggestions ou théâtres des opérations pour inciter le spectateur à prolonger les histoires.

Isabelle Blanc a présenté ses courts-métrages en Europe ainsi qu’en Amérique du Nord. Elle a notamment été exposée dernièrement au Festival Circulation(s) et à la Galerie Escougnou – Cetraro à Paris.

Plasticien iconographe français, Olivier Hilaire est né à Nîmes en 1979. Après ses études aux Beaux-arts à Marseille, il se consacre au conseil et à la direction artistique, avant de reprendre son travail personnel. Axées autour de la mémoire et de l’Histoire, ses créations revisitent des événements par un tricotage narratif d’archives manuscrites et iconographiques.

La scénographie est centrale dans son travail. Elle lui permet de dédoubler les niveaux de lecture en établissant des ponts entre l’intime et le collectif, le présent et le passé, l’histoire racontée et le regardeur. Les mêmes photos peuvent simultanément témoigner d’une expérience individuelle et être perçues comme une iconographie collective, qui se fait alors support de projection des souvenirs de chacun.
En tant que scénographe, Olivier Hilaire a travaillé pour des galeries et centres d’art, notamment sur le projet Effacés du monde de Mylène Zizzo présenté aux Voies Off des Rencontres d’Arles en 2014. Son projet photographique La nouvelle ville, le journal composé d’archives a été publié par Transborder et présenté dans des expositions collectives en 2012 et 2013 en France.

Projet

The True Truth’s Stories, La vérité de Mr Truth

The True Truth’s Stories est un recueil de nouvelles photographiques basé sur les codes du livre littéraire (préface, chapitres, épilogue, narrateur). Il est constitué d’une succession de récits mêlant des histoires vraies et fictionnelles, au sein desquelles nous jouons avec le vrai et le faux à l’aide d’images d’archives et contemporaines.

Suite à l’effondrement de son monde idéal provoqué par la découverte d’un album de photos, le jeune M. Truth a été obsédé toute sa vie par la recherche de la vérité : que cache le vernis des images, publiques ou intimes ?

Le présent ouvrage expose le fruit des recherches de M. Truth, qui l’ont amené à accumuler de nombreuses photographies tout au long de sa vie. Je les ai découvertes à Vancouver, USA, dans une bibliothèque dont la particularité est de ne réunir que des ouvrages non publiés, la Brautigan Library.

Oubliées sur une étagère, ces photos étaient rangées en vrac dans des boîtes identifiées par des titres. Les histoires qu’elles contenaient évoquent des fantasmes collectifs (théories du complot, peurs millénaristes, croyances populaires) nés de l’interprétation d’images.

J’ai réuni ces photographies par séries, selon le classement et les intitulés établis par M. Truth, en tentant de restituer leur sens probable. Il m’a fallu pour y arriver un long travail de recherche et d’interprétation que j’espère être au plus près de ses intentions.

Ariel Babel*, archiviste

En partant du principe que la photographie n’atteste rien, que sa démultiplication et la généralisation de son utilisation à l’aveugle accélère la dévaluation de son sens et de sa crédibilité, nous pensons que seul le contexte, historique ou formel, permet de lui attribuer la fonction de langage.

Nous exprimons ce point de vue par une diversité d’approches plasticiennes, cinématographiques et documentaires qui induisent une interrogation autour du statut des images.

L’une de ces approches met en évidence la polysémie de l’image, par l’utilisation d’une photographie récurrente. Le sens de celle-ci varie d’une histoire à l’autre, poussant le lecteur à en chercher la signification dans l’ensemble du livre, tout en suscitant une montée en puissance du mystère. L’auteur Ariel Babel en donnera la clé dans l’épilogue tout en révélant l’ampleur de l’obsession de M. Truth.

L’ensemble de ces procédés induit des histoires faites d’ellipses : « [L’auteur] n’est plus celui qui raconte une histoire, il en présente seulement quelques bribes ; au lecteur de tenter de la reconstituer. » (Michel Raimond, « 5. Le nouveau roman », Le Roman depuis la révolution, Armand Collin, Paris, 1998)

*Anagramme raccourci d’Olivier Hilaire et Isabelle Blanc