Mari Bastashevski

1980, Danoise, née à Saint-Pétersbourg, Russie
Nominé·e - Prix Elysée 2015

L’artiste danoise Mari Bastashevski est née à Saint-Pétersbourg en 1980 et partage aujourd’hui sa vie entre la Suisse et la France. Elle a étudié l’histoire de l’art, l’étude des génocides, puis la photographie à l’Ecole danoise d’études médiatiques et journalistiques. En 2011, elle a été en résidence à la Cité internationale des arts de Paris et lauréate du Fonds d’urgence de la Fondation Magnum en 2013.

Depuis 2010, elle réalise un projet à long terme intitulé State Business autour du commerce des armes dans les conflits et les structures de l’industrie de la sécurité. Elle travaille également à deux autres projets : Privileged/Confidential qui explore les tentatives d’individus pour conserver leur influence politique au fil de l’histoire et Empty with a whiff of blood and fumes qui aborde la question des rapports entre argent, pouvoir et crime organisé en Ukraine, comme prémices de la guerre civile.

Entre 2007 et 2010, elle a travaillé dans la région russe du Caucase du Nord sur File 126, un projet sur les enlèvements de civils qui ont eu lieu au nom des mesures antiterroristes mises en place par la Russie. Il a été exposé au Noorderlicht, à l’Open Society Foundation, à Paris Photo, à Unseen et au Fotomuseum de Winterthour. Outre ses projets personnels, Bastashevski travaille comme chercheuse indépendante auprès de l’organisation Privacy International et pour le projet de recherche Small Arms Survey.

http://maribastashevski.com

Projet

State Business Chapter Three

Mari Bastashevski continuera son enquête sur l’industrie lucrative de la défense et de la sécurité. Au travers d’études de cas de plusieurs membres de cette industrie, elle explore les liens existants entre les anciens et les futurs conflits, et les milieux dans lesquels opère, cachée sous nos yeux, cette industrie.

State Business

« Une guerre qui n’est plus déclarée mais ne cesse de se poursuivre », Carolyn Forché, 2003

« State Business est un projet qui tente de voir clair dans la routine ordinaire des marchés des conflits internationaux, les rationalisations que génère ce commerce et l’absence voulue de renseignements sur celui-ci. Et ce, au travers d’un examen de cas particuliers de services ou de livraisons de marchandises, en les suivant de leur lieu de fabrication à leur destination finale. L’œuvre se décompose en cinq chapitres. Deux d’entre eux sont déjà terminés. State Business est composé d’images et de textes, d’égale importance, ainsi que de preuves documentaires.

Le rôle de la photographie dans ce projet est de permettre de définir jusqu’où est accordé un accès photographique aux institutions et aux documents impliqués dans ces processus. Chaque image représente une institution gouvernementale, un agent ou une entreprise existants. Chaque image est réalisée avec l’autorisation de cette entité. Lorsque l’autorisation n’est pas accordée, pour des raisons de sécurité en général, j’ai demandé à quelle distance la photographie pouvait être prise. Au bureau d’accueil ? A l’entrée ? A dix mètres de distance ? D’une certaine façon, chaque photographie est décidée par cette entité et devient l’autoportrait que celle-ci construit.

Le chapitre 3 s’intéresse aux systèmes de surveillance électroniques européens, fournis aux régimes d’Asie centrale par d’importantes entreprises israéliennes et européens de haut technologie. Bien que 100% des transactions commerciales soient légales, les autorités d’Asie centrale emploient ces technologies pour engager des procédures judiciaires contre l’opposition, les journalistes, les communautés LGBT (Lesbiennes, gays, bi et transgenres) et les militants des droits de l’homme.

Le chapitre 4 s’intéresse à la quantité substantielle d’armes en surplus, trois tonnes et demie, transportées par avion des réserves croates aux rebelles syriens, de novembre 2012 à janvier 2013. Il explique comment et pourquoi les responsables britanniques et américains ont joué un rôle clé dans la mise en place du pont aérien permettant de contourner l’embargo sur les armes, et pourquoi ce qui fut désigné comme aide militaire par les médias n’était en réalité qu’une transaction commerciale lucrative.

L’objectif de ce projet n’est pas seulement de nous aider à identifier comment le circuit est mis en marche et quelles entités en bénéficient, mais aussi comment l’information sur l’industrie elle-même, qui est extrêmement difficile à obtenir, devient un bien marchand entre les mains de ceux qui la détiennent, chacun ayant son propre agenda politique, économique ou personnel. »