Matthias Bruggmann

1978, Suisse, né à Aix-en-Provence, France
Lauréat·e - Prix Elysée 2017

Photographe suisse né à Aix-en-Provence en 1978, Matthias Bruggmann vit et travaille sur son ordinateur portable. Il est diplômé de l’Ecole de photographie de Vevey. Son travail, qui respecte les normes arbitraires du photojournalisme, tend à la déconstruction des normes de représentation dans la photographie du réel par la représentation de situations et d’endroits compliqués.

Il a notamment travaillé sur et en Egypte, Haïti, Irak, Somalie, Syrie et Libye. Il a fait partie de l’équipe de commissariat de Tous photographes ! pour le Musée de l’Elysée, et est l’un des cofondateurs de l’espace d’art contemporain Standard/Deluxe à Lausanne.

Ses travaux font partie des collections publiques du Frac Midi-Pyrénées, de Photo Elysée et de diverses collections privées.

Projet

A haunted world that never shows

Partant du cadre choisi pour son œuvre précédente sur les conflits contemporains, Matthias Bruggmann se propose, pour le Prix Elysée, de poursuivre un projet photographique de longue haleine débuté en 2012 sur le conflit en Syrie. En respectant les nombreuses contraintes propres au photojournalisme, son travail, qui vient s’ajouter aux images déjà produites, a pour but de remettre en cause nos suppositions morales et de susciter une meilleure compréhension de la violence qui sous-tend ce conflit.

« D’un point de vue formel, mon précédent travail amenait le public dans une situation où il devait décider de la nature de l’œuvre même. Ce mécanisme pourrait ressembler, bien qu’on puisse le contester scientifiquement, à ce qui se produit en physique quantique lorsque l’observation change la nature de ce qui est observé. Mon travail sur la Syrie s’inspire de ce présupposé.

D’un point de vue documentaire, il s’agit, à ma connaissance et jusqu’à présent, de la seule œuvre de ce type réalisée à l’intérieur même de la Syrie par un seul photographe occidental, et ce en grande partie grâce à l’aide et aux travaux dévoués de certains des meilleurs experts indépendants sur le conflit. En raison de la nature de ce conflit, j’estime qu’il est nécessaire d’étendre le périmètre géographique de ce travail.

Il s’agit là essentiellement d’une tentative de créer un sentiment d’ambiguïté morale. Sa conception vise à mettre le public mal à l’aise en remettant en cause ses propres suppositions morales, et ainsi à essayer de susciter, chez un public occidental, une compréhension viscérale de la violence intangible qui sous-tend tout conflit. L’un des moyens utilisés consiste à pervertir les codes normalement employés dans la photographie documentaire pour accroître l’identification avec le sujet. Tout en se conformant parfaitement aux normes homologuées du documentaire, une partie du travail est destinée à amoindrir la confiance du public en ma propre fiabilité en tant que témoin et à forcer une réflexion plus poussée sur la nature de ce qui lui est présenté. »