Alinka Echeverría

Née en 1981, au Mexique, vit et travaille à Londres.
Nominé·e - Prix Elysée 2019

Alinka Echeverría est une artiste britannico-mexicaine, travaillant à partir de la vidéo, des images animées, de la photographie et d’installations. Elle a obtenu un Master en anthropologie et développement sociaux à l’Université d’Édimbourg (2004) ainsi qu’un diplôme supérieur en photographie (2008) du Centre international de la photographie à New York.

Cette double formation lui permet d’avoir une approche critique des interrogations sur la représentation visuelle. Elle a été récemment sélectionnée pour le Talent Award du Musée de la photographie Foam pour son projet de recherche Nicéphora qu’elle a réalisé lors d’une résidence BMW au Musée Nicéphone Niépce en 2015. En 2012, elle a été désignée « Photographe internationale de l’année » par les Lucie Awards pour son travail Becoming South Sudan et en 2011, elle a reçu le Prix HSBC de la photographie pour un travail sur les relations entre image et croyance, réalisé au Mexique, The Road to Tepeyac.

Son travail a été exposé à travers le monde, notamment au Musée Preus de photographie en Norvège, au Musée Foam à Amsterdam, à la Maison européenne de la photographie à Paris, à la National Portrait Gallery à Londres, à la Biennale de la photo de Moscou, ainsi que lors d’expositions solo à la Art Gallery de Johannesbourg, aux Rencontres photographiques d’Arles et au California Museum of Photography. Ses œuvres font partie des collections de plusieurs institutions, pour certaines publiques, comme celles du Los Angeles County Museum of Art, du musée Nicéphore Niépce en France, de la BMW Art & Culture Collection et du Musée des beaux-arts de Houston. Récemment, la Swiss Foundation et BBC Four lui ont passé commande, notamment pour une série documentaire en trois parties, The Art That Made Mexico.

Site Internet

Projet

Alter Echo

Le cyanotype est un procédé d’impression ancien qui produit un tirage photographique de couleur cyan-bleu, dont découle le terme “blueprint”.  C’est aussi un mot souvent utilisé dans le discours politique ou économique ainsi qu’en science et en psychologie. Alinka Echeverría prévoit d’utiliser ce procédé pour créer une série d’images allant des photographies scientifiques ou iconiques aux images personnelles, en conservant uniquement les contours ou « lignes de force ». Son projet a pour but de nous faire réfléchir à l’impact de l’utilisation de telles images, qui, même si elles ne sont pas propres à notre propre expérience, semblent gravées dans notre conscience collective.

« Un blueprint est, par définition, ‘un plan d’action détaillé, un modèle ou un prototype’. C’est un mot souvent utilisé dans le discours politique ou économique ainsi qu’en science et en psychologie. Mon intention est de créer une série extensive de blueprints, ou cyanotypes, analogues, reprenant les contours d’images tirés aussi bien de la photographie culte que de l’imagerie scientifique. Le projet explore la manière dont les actes et les événements qui ont été des tournants de l’histoire récente ont pu se graver dans notre conscience collective au travers de ces images.

Ma méthode consiste à distiller les lignes à partir des images sources lors de la post-production numérique, afin qu’à la manière d’un souvenir, seules les « lignes de force » persistent. A partir de celles-ci, je produirai des négatifs sur base d’acétate, prêts à être exposés pour le cyanotype en utilisant une méthode analogique traditionnelle. Grâce aux légendes détaillées décrivant chaque événement concerné – pas forcément identifiable à première vue -, la série d’images forcera les membres du public à s’interroger sur l’impact que de telles images ont eu sur leur propre vie. Un par un, image après image, nous pouvons réfléchir à l’héritage que laisse la photographie au sein de notre mémoire collective.

Qu’il s’agisse d’un tirage bouleversant tel que le champignon nucléaire d’Hiroshima, ou de son pendant plus optimiste, tel que l’image révolutionnaire du premier télescope spatial Hubble pouvant montrer une galaxie entière, ces images, réunies, nous révèlent une part de notre blueprint ou empreinte sociale, conscient et inconscient.

En plus de ces images, j’en ajouterai d’autres, profondément ancrées dans mon blueprint ou empreinte personnelle, telles que celles de la naissance de mon frère ou de la mort de mon père. Mes souvenirs de ces événements sont–ils réels ou proviennent-ils d’une vision intérieure influencée par les photographies qui en ont été prises ? En faisant subtilement référence à la fonction d’origine du cyanotype en tant que méthode de copie et de reproduction, je touche au fait que, si la plupart d’entre nous possède de tels souvenirs et a connu de tels moments déterminants, ceux-ci ne sont pas directement reproductibles, mais vécus de façon individuelle et unique. Ce qui ajoute au projet une autre dimension, où la séparation entre conscience individuelle et collective s’efface.

Au final, ce projet explore comment nos façons de voir et de nous souvenir laissent des traces incontestables, et cependant souvent oubliées, dans notre blueprint ou empreinte collective, soulignant la relation de la photographie avec la phénoménologie de la perception et la constitution de l’histoire. »