«Why Don’t You Dance? est un projet de recherche artistique inspiré par trois personnages de la scène de la danse populaire en Iran. Il explore la danse comme élément culturel susceptible de changer de valeur selon le contexte social et politique dans lequel il s’inscrit. Ces personnages sont les suivants: Mahvash, une des premières chanteuses et danseuses de cabaret des années 1950 en Iran. Elle a écrit une autobiographie fictionnelle s’intitulant Les secrets de l’accomplissement sexuel. Jamileh, danseuse de cabaret, doit sa réputation à la pratique de deux sortes de danses: premièrement la danse du ventre, et deuxièmement la “danse Jahell“, particulière au contexte social iranien, sur lequel je vais me concentrer. Et enfin, Mohammad Khordadjan, un célèbre danseur et chorégraphe de la scène pop iranienne à Los Angeles. C’est en quittant l’Iran après la Révolution de 1979 qu’il pratique la danse comme profession principale aux États-Unis.
Why Don’t You Dance? sera composé de séries de photographies construites en relation avec ces personnages de l’histoire de la danse populaire, ainsi que des archives liées à cette histoire. L’autobiographie de Mahvash constitue la base de ce projet. C’est un élément culturel dans lequel on peut détecter le moment du passage de la société iranienne de sa position traditionnelle autour du genre, à un discours moderniste hétéronormatif adapté à l’époque.
Initialement concentrée sur l’usage de la danse dans les mouvements protestataires actuels en Iran, je vais en parallèle travailler avec des danseuses et chorégraphes iraniennes basées à Genève et Paris afin d’apporter une analyse plus profonde sur la capacité émancipatrice de la danse populaire. Cette partie est essentielle afin de tisser un lien entre la pratique actuelle de la danse et l’histoire de son médium. Pour cela, j’aimerais organiser des ateliers où l’on peut inviter les différentes générations d’immigrés d’origine iranienne à s’exprimer à travers la danse. Ces ateliers vont être documentés par l’image, le son et le texte. Le décor jouera également un rôle important dans l’espace des ateliers. Pour cela, je m’inspire des soirées karaoké du Cabaret Tehran à Los Angeles. Pendant ces soirées, les Iraniens de la diaspora performent la musique et la danse du pays d’origine en face d’images projetées exprimant leur idéaux politiques à travers des sentiments nostalgiques envers le “passé glorieux“.»