Hannah Darabi

1981, Iran
Nominé·e - Prix Elysée 2025

Hannah Darabi (IR, 1981) est une artiste photographe née à Téhéran en 1981. Elle étudie à l’Ecole supérieure des Beaux-arts à Téhéran, puis à l’Université Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis. Aujourd'hui basée à Paris, son pays d'origine reste le sujet principal de la plupart de ses séries photographiques. Afin de révéler la situation politique complexe de ce pays, elle crée des séries dans lesquelles ses photographies interagissent avec d'autres médias, tels que des textes, des images d'archives ou des objets.

Le livre d'artiste occupe une place privilégiée parmi les autres formes de représentation qu'elle explore. Ses livres, ainsi que ses œuvres d’art font parties de collections publiques et privées, et son ouvrage Rue Enghelab, la révolution par les livres : Iran 1979-1983, publié en 2019 par Spector Books et Le Bal, a remporté de nombreux prix. Soleil of Persian Square, son projet de recherche-création en lien avec la diaspora iranienne de Californie du Sud et sa musique populaire, est publié par le Centre d’art GwinZegal en 2021.

Hannah Darabi reçoit le prix du mécénat Bernd et Hilla Becher de la ville de Düsseldorf pour l’ensemble de son travail artistique en 2022, et le prix Madame Figaro pour sa récente exposition au festival les Rencontres d’Arles en 2023.

Projet

Why Don’t You Dance?

Why Don’t You Dance? est un projet de recherche artistique inspiré par trois personnages de la scène de danse populaire en Iran. Il explore la danse comme élément culturel susceptible de changer de valeur selon le contexte social et politique dans lequel il s’inscrit.

Ces personnages sont, tout d’abord Mahvash, une des premières chanteuses et danseuses de cabaret des années 1950 en Iran. Elle a écrit une autobiographie fictionnelle s’intitulant Les secrets de l’accomplissement sexuel. Puis Jamileh, danseuse de cabaret, doit sa réputation à la pratique de deux sortes de danses ; premièrement la danse du ventre, et deuxièmement la « danse Jaheli », particulière au contexte social iranien, sur lequel Hannah Darabi va se concentrer. Et enfin Mohammad Khordadjan, célèbre danseur et chorégraphe de la scène pop iranienne à Los Angeles. C’est en quittant l’Iran après la Révolution de 1979 qu’il pratique la danse comme profession principale aux États-Unis.

Why Don’t You Dance? est composé de séries de photographies construites en relation avec ces personnages de l’histoire de la danse populaire, ainsi que des archives liées à cette histoire. L’autobiographie de Mahvash constitue la base de ce projet. C’est un élément culturel dans lequel on peut détecter le moment du passage de la société iranienne de sa position traditionnelle autour du genre à un discours moderniste hétéro-normatif adapté à notre époque.

Initialement concentrée sur l’usage de la danse dans les mouvements protestataires actuels en Iran, Hannah Darabi va en parallèle travailler avec des danseuses et chorégraphes iraniennes basées à Genève et Paris afin d’apporter une analyse plus profonde sur la capacité émancipatrice de la danse populaire. Cette partie est essentielle afin de tisser un lien entre la pratique actuelle de danse et l’histoire de son médium. Pour cela, l’artiste aimerait organiser des ateliers de danse où l’on peut inviter les différentes générations d’immigrés d’origine iranienne à s’exprimer à travers la danse. Ces ateliers vont être documentés par l’image, le son et le texte. Le décor jouera également un rôle important dans l’espace des ateliers. Pour cela, elle s’inspire des soirées karaoké du Cabaret Tehran à Los Angeles. Pendant ces soirées, les Iraniens de la diaspora performent la musique et la danse du pays d’origine en face d’images projetées exprimant leur idéaux politiques à travers des sentiments nostalgiques envers le "passé glorieux".