Laia Abril

née en 1986, Barcelone, Espagne, vit et travaille en Espagne
Nominé·e - Prix Elysée 2019

Laia Abril est une artiste multidisciplinaire, qui travaille à partir de la photographie, du texte, de la vidéo et du son. Après l’obtention d’un diplôme de journalisme à Barcelone, elle a déménagé à New York, où elle a décidé de s’intéresser au récit d’histoires intimes qui révèlent des réalités difficiles et cachées en rapport avec la sexualité, les troubles alimentaires et l’égalité des genres. En 2009, elle a participé à un programme de résidence d’artistes de cinq ans, au Centre de recherche Benetton à Trévise en Italie, où elle a travaillé comme rédactrice artistique et photographe pour le magazine Colors.

Le travail d’Abril a été exposé aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Chine, en Pologne, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, en Turquie, en Grèce, en France, en Italie et en Espagne.

Ses œuvres font partie de collections privées et de celles de musées tels que le Musée de l’Elysée, le Fotomuseum Winterthur en Suisse et le musée national d’art de Catalogne à Barcelone. Au cours des dernières années, elle a reçu plusieurs bourses et son travail a été sélectionné par la Fondation Magnum, pour le prix Foam Paul Huf et le Prix Catch Light. Il a aussi été sélectionné pour le prix du jury par le Santa Fe Center et pour la Plat(f)orm du Fotomuseum Winterthur. Plus récemment, elle a reçu le prix Revelación PhotoEspaña, Visionary Awards, ainsi qu’une Bourse Fotopress et le Prix de la photographie de Madame Figaro pour son exposition aux Rencontres photographiques d’Arles en 2016, A History of Misogyny, Chapter One: On Abortion.

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Projet

On Mass Hysteria

Le travail de Laia Abril se concentre sur la fragilité des droits des femmes et la libération des femmes. Désormais, elle s’intéresse à l’hystérie. Identifiée dans l’Antiquité comme la « reine des névroses », l’hystérie était au centre des controverses médicales au XIXe siècle et, aujourd’hui encore, associée aux femmes. En comparant le phénomène de l’hystérie de masse à différentes périodes historiques, l’artiste nous montre qu’ils reflètent les préjugés misogynes de leur époque.

A History of Misogyny (Une Histoire de la misogynie), le projetartistique en trois parties de Laia Abril, a pour but d’établir un dialogue historique avec le spectateur afin de réfléchir à la fragilité des droits et des libertés des femmes.

En 2016, A History of Misogyny, Chapter One: On Abortion a été présenté aux Rencontres photographiques d’Arles. L’exposition – et le livre y ayant trait – ont permis de créer une carte conceptuelle des conséquences du manque d’accès à l’avortement. Elle en montrait les dégâts collatéraux sous leurs aspects matériels, les causes et les conséquences. L’artiste a utilisé des objets, des images scientifiques, des romans-photos, des reconstructions, des images vernaculaires, des enregistrements audio et vidéo, pour expliquer chacune des histoires.

Le chapitre suivant, On Mass Hysteria, s’intéressera à la tendance ancienne à accuser les femmes d’être folles, possédées ou hystériques, et sera associé à une analyse des tabous et des supposées maladies « mentales » et « féminines » utilisées comme méthode de contrôle des femmes. L’approche artistique de Laia Abril est fondée sur une visualisation conceptuelle des événements historiques. Des recherches approfondies menées avec des experts résultent en un travail pluri-média : des archives, de nouveaux enregistrements et des objets. Elle emploiera la comparaison de multiples événements historiques liés à l’hystérie de masse à des cas actuels, dans une variété de pays et de zones, avec différentes sortes de victimes.

La science actuelle confirme que la majorité des personnes touchées par des crises d’hystérie de masse sont des femmes. De nouvelles recherches, basées sur huit cents épisodes depuis 1566, ont prouvé que l’hystérie de masse vient en réaction à des circonstances où les femmes sont soumises à un stress intense, se sentent niées ou conduites à des situations où elles ne sont pas en mesure de communiquer ou d’exprimer leurs pensées et émotions.

“Malheureusement, la stigmatisation d’une femme comme hystérique est encore un problème aujourd’hui. Je pense qu’il est urgent de réfléchir aux pratiques perverses qui naissent d’une conception erronée du corps des femmes. ”