Magali Koenig

1952, née en Suisse
Nominé·e - Prix Elysée 2021

1988 en Union Soviétique, Magali Koenig marche seule dans Moscou, trois jours avant de prendre le Transsibérien. Elle y voit des femmes et des hommes gris comme leurs manteaux, petites silhouettes qui marchent dans ces avenues si larges. Le Bolchoï avec son rideau lourd de centaines de marteaux et de faucilles brodées sur le velours rouge. Un restaurant pour les riches, avec un orchestre pour danser, dans les verres du vin rouge au goût de cerise, du champagne pour danser, de plus en plus vite pour ne plus penser au passé. Elle ne le sait pas encore, mais ces trois jours à Moscou vont déterminer le sens de ses voyages.

« Autour des photographies, il y a du bruit, des odeurs, des rencontres, des souvenirs et des petites histoires. »

Projet

Alexandre Radichtchev et le livre masqué. Voyage de Pétersbourg à Moscou

Alexandre Radichtchev est né en 1749 dans une famille de la petite noblesse près de Saratov. C’est le siècle des Lumières, de Voltaire, de Diderot et de la Tsarine Catherine II La Grande. En 1768, Catherine II envoie Alexandre Radichtchev à l’Université de Leipzig. Il a 19 ans et apprend les langues, l’économie, la philosophie et le droit. A à son retour en Russie, il va bénéficier des faveurs de Catherine II qui lui attribue des postes prestigieux. Il est riche et noble et ça ne lui plaît pas du tout. Il va très vite s’imprégner de la valeur et de l’importance de « l’idée de droit » et faire de cette idée son cheval de bataille pour dénoncer les autocrates russes, très riches et sans pitié.

Dans son livre aux allures d’un bucolique récit de voyage se cache un appel à la révolution. Toutes les histoires dénoncent la maltraitance des riches propriétaires, l’extrême pauvreté, les mariages arrangés, les flagellations, les serfs mal traités, etc.

Il écrit ainsi un livre de 25 chapitres avec le nom des 25 lieux qu’il traverse lors de son voyage. 700 km séparent St-Pétersbourg de Moscou : Magali souhaite suivre le trajet d’Alexandre Radichtchev, prendre le temps de voyager à la même vitesse que lui, et lui parler des changements, des centaines d’églises, des forêts et des lacs. Personne ne sait si Alexandre a vraiment fait ce voyage, Magali Koenig aimerait le faire pour lui.

Alexandre Radichtchev met 10 ans pour écrire son livre et il ne trouve aucun éditeur. Après l’avoir lu, Catherine II se sent extrêmement trahie et condamne Radichtchev à mort. Sa peine va être réduite à 10 ans de bagne en Sibérie. Libéré après 6 ans, il revient à Pétersbourg et se suicide le 12 septembre 1802 à 53 ans.

Alexandre Radichtchev est considéré comme le premier révolutionnaire russe.

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